[Portrait] Solène Madec, CEO et cofondatrice de l'agence Belle
Publié par Floriane Salgues le - mis à jour à
Solène Madec est la CEO et cofondatrice de l'agence créative Belle et l'une des rares femmes à la tête d'une agence de publicité indépendante en France. Portrait de cette ReBelle.
En ce mois de décembre 2021, Solène Madec pose aux côtés d'une dizaine de femmes business angels. La patronne de l'agence créative Belle vient de cofonder le fonds d'investissement Leia Capital, dédié aux entrepreneuses. Ce dernier vise à réparer une injustice. "25 % des start-up sont fondées par des femmes et, pourtant, elles ne lèvent que 2 % des fonds", s'indigne Solène Madec, qui veut contribuer à casser le plafond de verre du financement, aider les femmes à croire en leur potentiel et à s'imposer dans un univers essentiellement masculin.
Comme elle qui a réussi à se hisser parmi la poignée des femmes à la tête d'une agence de publicité indépendante en France. À force de travail... et d'audace. Solène Madec porte en elle l'âme d'une entrepreneuse. Dès l'âge de 7 ans, l'écolière de Quimper, en Bretagne, aspire à devenir... femme d'affaires. À la surprise de sa maîtresse de CE1 qui contacte sa mère, professeure. "Mon père était homme d'affaires et je le voyais toujours prendre l'avion ou aller au restaurant. Cela paraissait sympa !", sourit-elle. Solène Madec construit son plan de carrière sur les bancs de la réputée école de commerce HEC, puis au siège de la FDJ, à différents postes marketing. Elle ne s'avoue pas encore rêver de travailler dans la publicité. "La publicité se situe au croisement de la créativité, des sciences humaines et du business. C'est ce métissage que j'apprécie", analyse celle qui, formée par la Convention des entreprises pour le climat, semble persuadée du rôle capital de la publicité dans l'adoption de comportements plus sobres et durables.
En 2012, elle saute le pas et rejoint l'agence Babel en tant qu'associée et directrice commerciale. La fonceuse paraît déstabilisée. "Au début, je n'ai rien compris. Il a fallu que je m'adapte à la culture agence, aux méthodes et aux process différents de ceux de l'annonceur." Elle s'accroche jusqu'à développer sa propre agence. Mue par l'envie d'exercer son métier comme elle l'entend, elle codéveloppe ainsi, en intrapreneuriat avec Nathalie Alvès et Pierre Duquesnoy, une agence dans l'agence. C'est Belle. Un beau bébé qui atteint, en 4 ans, 4,5 millions d'euros de chiffre d'affaires. Et qui prend son indépendance du giron de Babel fin 2022.
Solène Madec, charismatique et solaire
Les cofondateurs embarquent avec eux une vingtaine de collaborateurs. Et un état d'esprit à part. "Nous avions envie de proposer des campagnes plus audacieuses au travers desquelles nous parlons à l'intelligence des citoyens", décrypte la CEO, autant attachée à l'audace qu'à l'empathie. Solène Madec en est convaincue : "Les annonceurs recherchent, au-delà d'une très bonne stratégie et d'une très bonne création, une relation de qualité." L'agence compte désormais près de 30 collaborateurs et des clients tant de la nouvelle économie (Qonto, Heycar, LesFurets...) que de l'économie traditionnelle (Cogedim, Isover ou Gallia).
Marion de Robillard, directrice marketing et communication de Qonto, a choisi cette agence "agile" en 2020 et confirme nouer avec la CEO de Belle une relation de "Business Partner" : "Son background, en école de commerce et chez l'annonceur, lui permet de connaître les challenges des entreprises. Elle a très souvent été un soutien de poids pour m'aider à convaincre mon CEO des angles créatifs à choisir." La directrice marketing ne tarit pas d'éloges : "Déterminée, charismatique, intelligente, ambitieuse... Je l'admire", avoue-t-elle.
Le parcours atypique de l'entrepreneuse, de l'univers de l'annonceur à celui de l'agence, se révèle une force. "Solène est la meilleure des interprètes des besoins des clients, dont elle comprend parfaitement les enjeux", confie Nathalie Alvès, cofondatrice et managing director de Belle. Elle dit avoir "tout de suite adoré cette fille solaire, sans cynisme, à l'état d'esprit différent du monde des agences à la culture managériale parfois toxique".
Une "humanité" que cette maman de jeunes jumeaux entend insuffler à Belle, agence qu'elle veut "saine, économiquement et humainement". "J'ai à coeur, résume-t-elle, de proposer un modèle d'agence où il fait bon travailler..."
Son parcours :